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A Londres, la chasse aux pickpockets se fait aussi sur les réseaux sociaux
A Londres, la chasse aux pickpockets se fait aussi sur les réseaux sociaux / Photo: HENRY NICHOLLS - AFP/Archives

A Londres, la chasse aux pickpockets se fait aussi sur les réseaux sociaux

"Attention, pickpockets !", lance Diego Galdino à des touristes interloqués. Ce Brésilien de 32 ans connaît le succès sur les réseaux sociaux avec ses vidéos où il se filme en train de pourchasser des voleurs, sur fond d'explosion des vols de téléphones à Londres.

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Ce livreur de repas à domicile a d'abord commencé par filmer les voleurs en train de commettre leurs méfaits, avant de se mettre à les interpeller. Publiées sur Instagram et TikTok sous le nom "pickpocketlondon", ces vidéos connaissent un succès fulgurant.

L'une d'elles, qui montre un voleur cracher en sa direction, totalise plus de 12 millions de vues.

Ces vols à l'arraché - principalement de portefeuilles et de téléphones - ne sont pas l'apanage de la capitale britannique. Mais les vols de smartphones y ont explosé ces derniers mois. Selon la police londonienne, un téléphone y est volé toutes les six minutes.

En un an, elle a enregistré quelque 32.000 "vols à la tire" dans le seul quartier de Westminster, qui abrite des musées, la tour horloge de Big Ben et le palais de Buckingham.

Face à ce fléau, la ville a fait tracer une ligne violette le long du trottoir de plusieurs rues très fréquentées, avec cet avertissement: "Attention au vol de téléphone!"

- Adrénaline -

Diego Galdino, lui, est victime de son succès.

"Ma vie a beaucoup changé", confie-t-il à l'AFP, disant être désormais reconnu dans la rue.

Avec l'expérience, M. Galdino, qui a grandi au Brésil dans une famille de policiers, s'est rendu compte que ces voleurs sont très organisés: ce sont souvent des femmes qui agissent en binôme et s’habillent comme des touristes pour mieux se fondre dans la masse, détaille-t-il.

Une vingtaine d’autres livreurs l’aident, envoyant des signalements sur la messagerie WhatsApp.

Son mode opératoire est rodé: armé d'une caméra fixée sur lui, il crie "Attention, pickpockets !" dès qu'il aperçoit un voleur sur le point d'agir.

Des interventions qui font parfois de lui la cible de violences. Mais l’adrénaline prend le pas sur la peur, affirme-t-il, ajoutant être porté par "l’injustice" de ces situations.

Londoniens et touristes semblent apprécier son action.

"Continue ce que tu fais !", l'encourage Tom, 37 ans, un passant qui l’a reconnu dans la rue, au moment où l'AFP le suit dans une de ses tournées.

Mais cette activité suscite aussi un certain scepticisme.

- Spectacle -

"Je suis sûre que ce jeune homme est bien intentionné, mais ce n’est pas une méthode efficace pour lutter contre la criminalité", critique auprès de l'AFP la criminologue Jennifer Fleetwood, qui pointe une pratique qui n'est là que pour "générer du clic".

"Il ne va pas faire ça pendant 10 ans, si ?", questionne-t-elle.

Le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, a annoncé avoir renforcé la présence policière dans le centre de la ville afin d'endiguer ce fléau.

Sollicitée par l'AFP, la police a indiqué qu'elle continuera à concentrer ses patrouilles "sur les zones sensibles, en s'appuyant sur les progrès déjà réalisés".

Elle n'a pas souhaité commenter l’action de Diego Galdino, mais met en avant une baisse de 15,6% des "vols à la tire" dans les six semaines ayant suivi son opération lancée le 6 avril.

Pour Jennifer Fleetwood, les vidéos de M. Galdino déforment la réalité.

Elle rappelle, statistiques à l'appui, que ces vols ne sont pas plus fréquents à Londres que dans d’autres villes ou régions d’Angleterre.

"J’ai vu énormément de contenus sur les réseaux sociaux qui présentent Londres comme une ville hostile ou dangereuse. Mais est-on plus susceptible d’être victime d’un délit à Londres ? En réalité, non !", tranche-t-elle.

Quoi qu’il en soit, Diego Galdino va continuer son action.

"Je suis très heureux de ce que je fais actuellement", souligne-t-il.

D.Cruz--GM